Le premier adjoint chevalier de la légion d’honneur G. Ferrier.

Le pavillon d’anatomie a été construit pendant l’année scolaire 1871/1872 sous le décanat de monsieur le professeur BUISSON qui contribua puissamment à son édification. Il servira aux dissections et aux exercices pratiques de médecine opératoire et remplaçât avantageusement les anciennes salles qui étaient destinées au même usage dont les nombreuses défectuosités rendaient le séjour en quelque sorte méritoire même au plus laborieux. Ce pavillon était situé au Nord de la faculté il se composait essentiellement d’un édifice rectangulaire et d’une cour. Il possédait une salle rectangulaire avec 12 tables les unes en marbres les autres en chêne recouvertes de cuivre étamés et excavé légèrement vers leur centre ou se trouve pour l’écoulement des liquides la bouche d’un conduit en plomb qui par son extrémité opposé plonge dans le sol et abouti aux égouts. Ces tables étaient suffisamment éloignées les unes des autres et sur chacune un éclairage au gaz. Un poêle, deux petites tables à étaux sellés dans la muraille Ouest, un lavabo à chaque angle, deux tables noires et une série de planches d’anatomie encadré complétait l’ameublement. Aux extrémités de la salle de dissection se trouvaient huit pièces divisées en deux étages les quatre pièces inférieures étaient au même niveau que la salle et comprenne au Nord le cabinet des aides anatomie destinée à la préparation des cours et la salle d’entrepôt des gros instruments du linge et des substances nécessaires pour la conservation des cadavres. Au Sud se trouvait d’un coté le laboratoire des garçons muni d’un grand fourneau pour l’eau chaude et de l’autre le vestiaire qui précède l’entrée de la salle de dissection avec de nombreux râteliers et 68 casiers à serrures. Les quatre pièces supérieures étaient destinées au cabinet du professeur d’anatomie et au cabinet du chef des travaux et au Sud du cabinet du prosecteur. Il existait une vaste salle résultant de la fusion de deux pièces destinées aux manipulations délicates d’anatomie macroscopique ou microscopique et pouvant admettre une douzaine d’élèves au moins. Cette salle bien éclairée renfermait plusieurs grandes tables, des étagères, des armoires, pour les instruments délicats, une grande cheminée avec prise d’eau et de gaz. C’est dans ce laboratoire que les élèves s’exerçaient aux travaux pratiques d’anatomie comparée inaugurée dans la faculté. Le laboratoire d’anatomie a été construit sous l’égide de Monsieur Moitessier doyen de la faculté de médecine et de Monsieur Besine architecte du département.

Les titulaires de la chaire ne furent pas les seuls à s’intéresser à l’Anatomie. Bien qu’ayant enseigné d’autres matières, Joseph- CasimirGrynfeltt (1840-1913) n’a cessé, sa vie durant, de se montrer un anatomiste doublé d’un chirurgien et d’un obstétricien. Il suffît pour cela de rappeler le « triangle » qui porte son nom.

D’autres ont contribué au renon de l’anatomie avec Pierre-Michel Jacquemet (1824-1897), dont le conservatoire possède des préparations affirmant son habileté dans la dissection, M. Sabatier (1863), éminent doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, un des maîtres autorisés de l’Anatomie comparée, M. Masse (1869), professeur de médecine opératoire à Bordeaux et M. Bimar (1875), conservateur. Victor Chalot (1881) enseigna d’autres disciplines avant de gagner Toulouse où il occupa la chaire de Clinique chirurgicale en 1891 et toute sa vie, il tint à associer l’anatomie à la Chirurgie.

En 1863 Paul-Dieudoné-Armand Sabatier (1834-1910) fit un travail remarquable sur l’ostéologie et la myologie des batraciens à leurs différents âges ce qui lui valu le grand prix de physiologie de l’Académie des sciences. Il soutient sa thèse inaugurale : étude anatomique, physiologique et clinique sur l’auscultation du poumon chez les enfants. A la suite de cette thèse il poursuit ses travaux et publie un ouvrage sur les recherches anatomiques et physiologiques sur l’appareil musculaire correspondant à la vessie et à la prostate dans les deux sexes. Il cherche surtout à retrouver chez la femme à travers leur modification les appareils musculaires qui entre dans la constitution de la vessie et la prostate chez l’homme. Il établit ainsi l’homologie des faisceaux musculaires dans les deux sexes, celle de la région prostatique chez l’homme et de la région urétro vaginale chez la femme. En 1863 il est nommé chef de travaux anatomique après un brillant concours où il présente des préparations remarquables. En 1867 après un nouveau concours (thèse d’agrégation : de l’absorption) il est institué pour une période de 9 ans agrégé dans la section des sciences anatomiques et physiologiques. Il n’entre en fonction qu’après un stage de deux ans comme c’était l’usage et enseigna à ce titre de 1869 à 1870. Lorsque la chaire de zoologie d’anatomie comparée devient vacante en 1873 à la faculté de science de Montpellier il se trouve tout désigné par ses titres et la renommée déjà considérable de ses travaux pour lui succéder.

Quelques agrégés publient des ouvrages comme Courty qui soulignera les différences existant entre les deux sexes (1853 et 1856), Miquel sur les nerfs et la circulation hépatique dans un but physiologique (1855 -1860) et Camille Bertrand sur l’ostéologie comparée de la tête (1862). Rouget bien que physiologiste s’est livré à des recherches d’anatomie comparée qui l’ont amené à donner des précisions anatomiques nouvelles sur certains organes et sur certains appareils qui porteront sur les terminaisons nerveuses.

Dans les comptes rendus des travaux de la faculté de médecine au 1er novembre 1874 le professeur L Boyer s’offusquait de certaine assertion concernant l’anatomie : On répète encore depuis 50 ans que l’anatomie est fort négligée parmi nous, qu’on ne peut l’apprendre faute de matière anatomique, de sujet de dissection. Ce reproche réfuté chaque année par des faits, des chiffres par les succès de nos élèves devenus d’excellents anatomistes, des chirurgiens de premier ordre, est reproduit banalement par des hommes qui devraient être convaincus de leur erreur. La moyenne des sujets livré à l’amphithéâtre est de 95 par an ce n’est pas du luxe mais cela peut suffire quant on l’emploie bien et qu’on fait usage des moyens bien connus de conservation. Toute proportion gardée on n’a pas mieux à Paris. Nous cherchons d’ailleurs à augmenter nos ressources en intéressant à notre prospérité les administrations qui pourraient venir à notre aide. Le goût de l’anatomie se répand ici de plus en plus.